‏ 4 Macc 8

1Eh oui, c'est pour cela que des adolescents adonnés à la philosophie ont su aussi grâce à la raison unie à la piété triompher d'instruments de torture plus cruels encore. 2Car le tyran, vaincu devant tous dans sa première tentative puisqu'il n'avait pu forcer un vieillard à manger des viandes impures, entra alors dans une violente colère et ordonna qu'on lui amenât d'autres Hébreux pris parmi les jeunes gens : s'ils goûtaient des viandes impures on les relâcherait après qu'ils auraient mangé ; s'ils refusaient on les soumettrait à des tortures encore plus cruelles. 3A peine eut-il donné cet ordre qu'on amena devant lui sept frères, ainsi que leur vieille mère : ceux-ci étaient d'une grande beauté, pudiques, distingués, d'un charme extrême. 4En les voyant qui entouraient leur mère, placée comme dans un chœur, au milieu d'eux, il s'enquit à leur sujet et frappé par leur distinction et de leur noblesse, il leur sourit, les appela près de lui et leur dit : 5Jeunes gens, je suis plein de bienveillance pour chacun de vous : j'admire votre beauté et j'honore hautement un tel nombre de frères. Aussi, non seulement je vous conseille de ne pas vous livrer à la même folie que ce vieillard qu'on vient de torturer, mais encore je vous exhorte à céder à mon vouloir et à jouir de mon amitié. 6Car tout comme je puis punir ceux qui désobéissent à mes ordres, je puis favoriser ceux qui m'obéissent. 7Croyez-moi bien vous recevrez des charges éminentes dans mon gouvernement si vous renoncez à la Loi ancestrale qui vous régit. 8Adoptez la manière de vivre des Grecs, changez vos habitudes, prenez goût à votre jeunesse. 9Car si vous me mettez en colère par votre désobéissance vous m'obligerez à recourir à de terribles châtiments et à vous faire tous périr dans les tourments. 10Ayez donc pitié de vous-mêmes puisque de mon côté moi qui suis l'ennemi de votre nation, j'ai pitié de votre jeunesse et de votre beauté. 11Ne réfléchirez-vous donc point à ceci, qu'à me désobéir vous ne gagnerez qu'une chose : la mort dans les supplices ? 12Sur ces mots, il ordonna de mettre bien en évidence les instruments de torture afin de les amener par la crainte à manger des viandes impures. 13Les gardes alors présentèrent des roues, des instruments à disloquer les membres, des chevalets, des crocs, des catapultes, des chaudrons, des poêles, des gants, des mains de fer, des coins, des soufflets pour attiser le feu ; le tyran prenant ces objets, disait : 14Jeunes gens, tremblez ! La justice que vous vénérez vous pardonnera une transgression imputable à la contrainte ! 15Mais il eurent beau entendre ces paroles persuasives, voir ces instruments terribles : non seulement ils n'eurent point peur, mais encore leur philosophie les dressa contre le tyran et par leur sage raison ils abattirent sa tyrannie. 16Mais réfléchissions : supposons que quelques-uns d'entre eux aient été timides et lâches ; quel discours auraient-ils tenu ? n'est-ce point celui-ci : 17Malheureux que nous sommes et par trop insensés ! Un roi nous exhorte, nous parle pour notre bien : et nous refuserions de lui obéir ! 18Pourquoi mettre notre joie dans de vaines résolutions et oser commettre une désobéissance fatale ? 19Frères ne craindrons-nous pas les instruments de tortures ? Ne réfléchirons-nous point aux menaces des tourments ? N'abandonnerions-nous point cette vanité et cette jactance qui nous mènent à la perte ? 20Ayons pitié de notre jeunesse, ayons pitié de la vieillesse de notre mère ! 21Et mettons-nous bien dans l'idée que si nous désobéissons, nous mourrons ! 22Quant à la justice divine, elle aussi nous pardonnera étant donné la contrainte car le roi nous épouvante ! 23Pourquoi nous arracher nous-mêmes à la douceur de vivre ? Pourquoi nous priver nous-mêmes des charmes de ce monde ? 24Ne faisons pas violence à la fatalité, ne mettons pas notre point d'honneur à nous faire torturer ! 25La Loi elle-même ne nous punit point de mort s'il y a contrainte, si nous sommes épouvantés par les instruments de torture. 26D'où nous vient un tel amour de la dispute ? D'où cet entêtement fatal tire-t-il pour nous son attrait alors que nous pouvons vivre tranquillement si nous obéissons au roi ? 27Mais les jeunes gens à l'approche du supplice, ne dirent ni ne pensèrent rien de semblable. 28Car ils étaient les contempteurs de la passion et les souverains maîtres de la douleur. 29Et ainsi, le tyran n'eut pas plus tôt fini de les exhorter à manger des viandes impures que tous ensemble, d'une seule voix et d'une seule âme, ils lui dirent :

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